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« Il a ouvert sa galerie d'art il y a cinq mois, à peine. Jeune londonien prometteur. Mais tout de même, ses expositions sont un peu osées. Il ne manquerait plus que ces organes soient des vrais ! »

Je n'allais pas vous divulguer mon secret d'entrée de jeu !
Cela rendrait le crime moins drôle et, surtout, moins passionnel.

« Un pas, deux pas, il était toujours là. Trois pas, quatre pas, il ne s'en allait pas. J'ai fait un ultime et dernier pas, plus grand cette fois. Je ne le voyais plus. Mais j'ai fait une crise cardiaque en me retournant pour continuer mon chemin. »

Les miroirs ne peuvent pas marcher.

À votre avis, Inspecteur, pourquoi est-elle
morte devant son miroir ?

« C'est l'histoire de Lilas. Jolie jeune pousse dans son pré. Ses pétales avaient à peine commencés à s'étendre pour se colorer, qu'il était venu l'arracher. Vous savez ce qu'il a fait d'elle ? Il l'a bouffée, tel un boef reluisant de sueur. Il ne restait d'elle que la petite parcelle de terre déflorée. Mais, le con, il n'avait pas prévu le coup : une courte racine était restée. Elle a germée et repoussée, Lilas. Elle voudrait courir très vite. »

Trop tard. Tu t'es détruite.

Au contraire, très cher.
Je me suis reconstruite.
Juste pour l'anéantir.

« Dans une autre vie, j'ai rêvé que j'étais une oie. Tandis que certains rêvent d'être un oiseau, un tigre ou je ne sais quel autre animal majestueux et talentueux. Tandis qu'eux rêvent de ces bêtes qui savent se défendre... moi... en attendant, je rêve qu'on me gave pour qu'on puisse se délecter de mon foie. Sans me demander mon avis. »

Merde. J'ai encore vomi.
C'était moi le con, en fait.

Je suis repus.
Ou déçu.
Je ne sais plus.
C'était dans une autre vie.

« Je veux juste savoir pourquoi. Savez-vous, Mademoiselle, que c'est très mal d'enfoncer un couteau dans le ventre d'un enfant ? De le charcuter et d'en sortir les boyaux, dans un jardin public. Là où des tas d'autres enfants peuvent voir la scène. Je vous apprend quelque chose, peut-être ? Vous n'étiez pas au courant, à votre âge ? ... Aucune tentative de fuite. Ni résistance face à la police. Pas la moindre trace dans votre casier. Ne serait-ce qu'une poussière. Élève modèle, brillante, polie et charmante. Serviable, dévouée. Aucune lien avec l'enfant en question. Complicité de meurtre impossible à prouver. Pas de drogue dans le sang, pas plus que de l'alcool, d'ailleurs. Le psychologue n'a pas réussi à vous arracher un seul mot. Il doit y avoir une faille quelque part... forcément... je vais la trouver. Soyez-en sûre. Et ne me regardez pas ainsi, ça me trouble. »

Il l'avait trouvée, l'erreur.
Mais il était juste trop aveugle pour la voir.
Comme tous les autres, d'ailleurs.

C'est possible d'être trop ?
Regarde-moi.
C'est toi le mal.
Je te tue. Tu me tues.
C'est comme ça que ça marche.

« Qu'est-ce que tu crois qu'elle a ? Elle n'est pas pareille ce matin. Enfin. Je veux dire. Elle semble bizarre. Comme... »

Habitée.

« Oui. Mais tu vois... tu comprends... ? Elle n'avait pas les mêmes yeux hier. Elle était... moins belle. Aujourd'hui, elle est sublime. Mais quelque chose émane d'elle... Comme si elle était... »

Hantée.

« C'est exact. Enfin... c'est à peu près ça, plutôt. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est une autre personne. C'est la même. Mais différente. Je ne parviens pas à trouver les termes. Hier elle était joyeuse et aujourd'hui, son visage est plus beau mais... »

Éteint.

« Encore une fois tu as raison. Je dois m'incliner. Comme fais-tu pour savoir tout cela ? »

La lumière s'allume. 
La mère apparaît.

Mais à qui parles-tu ?

« Anabelle. La plus belle. Celle que j'ai connu au lycée ? Impossible. C'était la plus belle, parce qu'elle s'appelait Anabelle. Mais aussi parce qu'elle avait des cheveux soyeux qui coulaient le long de son dos comme une cascade d'or. Une vraie perle. De grands yeux tantôt étirés, étonnés. A croquer. Et la seconde d'après, ses yeux étaient rieurs. Ahhhh. Elle aurait pu me faire faire ou dire n'importe quoi. Je n'étais pas le seul d'ailleurs. La courbe de son corps était parfaite. Elle était parfaite. Elle était enviée.... et.... cinq ans plus tard... c'est toi, Anabelle ? »

Elle s'est levée un matin. Ou était-ce le soir ? Elle ne se souvient pas. Elle a allumé la lumière. Alors était-ce le soir ? Mais les matins d'hiver sont sombres. Alors était-ce l'hiver ? Elle ne se souvient pas. Emmitouflée, ou plutôt frigorifiée dans ses vêtements non repassés, pliés, retroussés, elle s'est extirpée de son oreiller. Alors ne dormait-elle pas ? Elle ne se souvient pas. Elle a marché. Avant qu'elle n'ait eu le temps de dire ouf, elle s'est retrouvée devant le lac. Et plouf.

Blablaa

UNDERCO